Auteur : Johann Wolfgang von Goethe
Traducteur : Jean Amsler
Editeur : Folio
Collection Théâtre
Nombre de pages : 224
Résumé :
MÉPHISTOPHÉLÈS : - Je veux ici m'attacher à ton service, obéir sans fin ni cesse à ton moindre signe ; mais, quand nous nous reverrons là-dessous, tu devras me rendre la pareille.
FAUST - Le dessous ne m'inquiète guère ; mets d'abord en pièces ce monde-ci, et l'autre peut arriver ensuite. Mes plaisirs jaillissent de cette terre, et ce soleil éclaire mes peines ; que je m'affranchisse une fois de ces dernières, arrive après ce que pourra. Je n'en veux point apprendre davantage. Peu m'importe que, dans l'avenir, on aime ou haïsse, et que ces sphères aient aussi un dessus et un dessous.
MÉPHISTOPHÉLÈS - Dans un tel esprit tu peux te hasarder : engage-toi ; tu verras ces jours-ci tout ce que mon art peut procurer de plaisir ; je te donnerai ce qu'aucun homme n'a pu même encore entrevoir.
Après avoir vu passer, dans tant d'oeuvres lues récemment, le nom de Faust et de l'auteur de cette tragédie, je me suis dit qu'il fallait que je le lise, quand même. Et je me suis enfin lancée.
Goethe reprend dans cette tragédie un mythe très populaire en Allemagne, et l'adapte dans un théâtre qui fait beaucoup penser à Shakespeare : de sublimes tirades dans des scènes poignantes succèdent à des scènes de farce ; l'allusion à Shakespeare est explicite dans une scène de mise en abîme théâtrale où est jouée "Songe d'une nuit de Walpurgis". Le tout forme un ensemble riche et complexe, très intéressant à découvrir. Le lecteur/spectateur est suspendu comme hors du temps par la force de cette tragédie qui remet en cause tout ce que nous croyons. L'intrigue est prenante, impossible de s'ennuyer, et plus d'une fois on se retrouve bouleversé, remué au plus profond de notre être.
La langue est sublime, bien que parfois alambiquée et complexe. Les émotions évoquées sont présentes, puissantes. Le rythme de la pièce est construit d'une telle manière que cela garde une certaine spontanéité ; finalement, malgré certains passages difficiles, l'ensemble se lit plutôt vite. Bien que lourd dans l'ensemble, le ton sait parfois garder de sa légèreté.
Les personnages sont émouvants, touchants, plus ou moins complexes. Ainsi, le personnage de Faust ne peut que fasciner ; c'est encore plus vrai pour Méphistophélès, l'incarnation du Mal qui concentre une grande partie de l'attention du lecteur. L'homme est fasciné par le Mal, et tous, comme Faust, nous tombons bon gré mal gré sous l'emprise de cette force primordiale.
D'un autre côté, la principale figure féminine est par moments plate, par d'autres moments grandiose ; j'ai regretté un petit manque de profondeur, mais, au final, elle demeure un personnage relativement travaillé.
Ce fut une lecture très intéressante, fascinante même, qui nourrit une réflexion et passionne. Je comprends mieux les multiples références !
5/5
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