Auteur : Frank Andriat
Traducteur : /
Editeur : Mijade
Pas de collection particulière
Nombre de pages : 141
Résumé :
La prof de français propose à ses élèves de lire un roman qui relate l'itinéraire de Nadir, un jeune réfugié syrien. Le sujet est dur, le ton du récit est réaliste. Chaque lecteur reçoit le livre différemment. Le roman provoque le débat.
C'est décidément un sale livre, dont aucun lecteur ne sort indemne.
Au départ, je suis passée, à la médiathèque, devant ce livre sans le remarquer. En revenant sur mes pas, j'ai soudain été interpellée par le titre, et le résumé m'a immédiatement convaincue. J'avais vraiment très, très envie de le lire et je l'ai immédiatement commencé.
J'ai tellement de choses à dire sur ce petit livre que je ne sais plus par où commencer ! C'est une torture, je veux dire tant de choses et je ne sais pas comment organiser ça xD ça m'arrive assez rarement pourtant...
Bon. Commençons donc par le commencement. En gros, ce livre est une succession de points de vue de divers personnages, qui lisent tous le livre qu'une prof de français donne à sa classe de troisième. Il y a bien sûr des élèves, mais aussi la prof, le principal, et des proches d'élèves. Les passages de narration des réactions - qui amènent le lecteur au point culminant, la rencontre avec l'auteur - sont entrecoupés par des passages du livre ( fictif ) en question. Et la différence des styles crée un électrochoc. Les deux sont extrêmement percutants : celui du " faux " livre ( le livre mis en abyme, on va dire ) est extrêmement violent, percutant. Le vocabulaire est familier, mais du coup il y a vraiment un effet de réel, on est vraiment plongés dans les fragments du roman... et on comprend mieux les réactions des personnages ! La " vraie " ( je sais que ce terme est un peu réducteur mais c'est le mieux que j'ai trouvé ehe ) plume de l'auteur est très belle, avec un vocabulaire riche, varié, et une aisance certaine. J'ai vraiment apprécié cette plume ( non, je l'ai adoré ), elle m'a emportée, elle porte le roman avec beaucoup d'élégance, de sensibilité, de fluidité, et c'est juste un vrai régal.
Côté personnages, on a une galerie très étendue de personnages aux points de vue très différents. Cette diversité permet de s'identifier à plusieurs personnages, et surtout d'argumenter, mentalement, avec eux, leur répondre, répondre à leur point de vue sur la littérature... je me suis plusieurs fois retrouvée à répliquer à un personnage, à voix haute, même ! Oui, je suis folle. Toujours est-il que le quantité ne nuit pas à la qualité, et les personnages sont tous creusés, complexes, humains, vivants ! Parmi mes préférés, il y a Tristan, " l'intello " de la classe, Karine, la prof en question, le proviseur, Justine... même les personnages détestables sont vraiment efficaces et donnent envie d'argumenter.
En effet, ce roman propose deux sujets de réflexion. Il y a, bien sûr, la réflexion sur ce qui se passe en Syrie, sur le destin des réfugiés, sur notre propre indifférence et apathie, ainsi que le racisme et la discrimination profonds qui gangrènent notre société française, qui infectent le pays " Des droits de l'homme ". Le livre provoque une réflexion plus qu'intéressante à ce propos. Le second sujet de réflexion proposé est celui de la... littérature, faisant écho à des questions que je me pose ( et dont Capucine parle admirablement bien dans une série d'article sur son blog, Mademoiselle Bouquine ) et des conceptions de la littérature que j'ai souvent rencontrées. Est-ce que la littérature doit forcément être écrite dans une langue... littéraire ? Doit-elle refléter le quotidien ou aspirer à l'élévation ? La littérature jeunesse est-elle digne de ce nom ? Autant de questions qui font polémique, et qui me fascinent. J'aurais pu argumenter avec les personnages pendant des heures ! Par exemple, la prof de Lettres méprisante qui considère que la littérature, c'est forcément et uniquement les classiques, m'a fait penser à ma prof de français de 1ere, qui était pourtant géniale, pas méprisante du tout mais qui considère que la littérature, ce sont les classiques. Et la prof de troisième, Karine, m'a fait penser à mon ancienne prof de littérature américaine... Drôle comment la vraie vie s'impose dans ma lecture !
Outre la réflexion qui est provoquée, c'est un petit livre passionnant, qui se lit vite, et dont on arrive pas à décrocher. Les pages défilent toutes seules, impossible de s'en détacher ! La fin, de plus, m'a vraiment surprise et a fini par me convaincre. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur achevait son roman, c'était vraiment bien trouvé. En tout cas, le livre est vraiment addictif.
Un livre que je ne m'attendais pas à aimer autant, et qui pourtant m'a totalement emportée. Je suis tombée amoureuse de cette petite pépite. C'est tellement dommage qu'il ne soit pas plus connu : par pitié, lisez-le !
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